Un petit pas



Parfois, on doit prendre le temps de savourer ses petites victoires, de se donner une petite tape dans le dos.

14 avril 2016: je suis invitée à l’enregistrement de Tout le Monde en Parle. Dans le milieu, quand t’es invitée sur ce show, ça vient avec son lot de prestige, y’a quelque chose de ben hot de se retrouver sur ce plateau. On a invité 3 personnes en nomination au prochain gala Artis, j’en fais partie (!!). Je me retrouve donc aux côtés de Chantal Fontaine et de Marie-Claude Barrette. Hyper flattée j’te dis, dans le bon sens du poil. Un honneur, vraiment.

Donc une invitation, qui devrait, logiquement, être une fête dans mon coeur, dans ma tête, (après tout, je n’y vais pas pour me défendre d’un quelconque scandale!) ne l’est pas tant que ça… Ça devient même une source de stress. Intense. Ça monte en flèche, me plaque la cou, me tord le ventre. Peur de plein d’affaires: de dire la mauvaise chose, de faire une folle de moi, de ne pas porter le bon kit, d’être trop, pas assez… mes bons vieux réflexes de perfectionniste ne sont jamais loin.

Ça fait un moment déjà que j’ai réalisé que ça me pogne à chaque fois que je suis dans un contexte où je sens la lumière sur moi. Je sais que ça peut paraître étrange, puisque je fais un métier public, où je suis constamment exposée. Mais quand j’anime, je dirige la lumière sur l’Autre, pour mettre mon invité en valeur. Mais lorsque la lumière se retourne sur moi, le vertige me prend. Et mes vieilles peurs du secondaire refont surface.

À l’époque, j’avais vite associé la lumière au danger. À chaque fois que j’avais attiré un peu trop l’attention, ça s’était retourné contre moi. Tantôt on me menaçait de me battre après l’école, tantôt on me lançait une gomme dans les cheveux ou encore un oeuf sur mon chandail. Les ravages de l’intimidation prennent du temps à guérir. Je sais que la racine vient de là. Donc pour moi, s’exposer, se montrer tel qu’on est, c’est synonyme de danger.

D’habitude oui, mais pas cette fois.

J’ai réussi. À être moi, tout simplement. J’ai mis ma belle robe, mes sandales préférées et j’suis arrivée sur le plateau, confiante. Mieux, j’ai même réussi à avoir du fun! Oh bien sûr, j’ai plaqué du cou, mais grâce au fond de teint que j’avais en quantité industrielle, seule moi le savais!

Ça peut paraître banal tout ça, je sais. Mais pour moi, c’est une vraie petite réussite personnelle. Et au lieu de me juger après l’entrevue, comme je le faisais d’habitude ( « J’aurais dû dire ça, pourquoi j’ai dit ceci? »), je me suis donner une petite tape dans le dos. J’ai décidé de ne pas aller dans ma trail d’auto-jugement (que je connais beaucoup trop bien!) et d’en défricher une nouvelle: celle de la reconnaissance. Et surtout de me rappeler que j’ai fait du mieux que je peux, avec mon coeur. That’s it.

Julie

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