Lettre à toutes celles qui ne seront jamais maman

photo Maude Chauvin / Éditions Cardinal



Je le sais que la fête des mères c’est un moment qui peut être douloureux. Que ça peut déclencher des souffrances, ouvrir de vieux bobos. Que ça nous rappelle à chaque année notre état. Que personne ne nous appellera jamais maman. Tsé qu’il y a même un mot pour décrire les femmes, qui, comme moi, n’ont pas d’enfant: des nullipares. Vous dire à quel point je déteste ce mot: Nullipares. Comme si ça venait de la conjonction des mots nulle et nulle part. Comme si on avait échoué le grand test de la féminité, comme si fallait se cacher aussi, parce qu’on devrait avoir honte de ne pas poursuivre le cycle de la vie. Qu’on est pas normale. Un peu louche aussi.

Si vous n’avez pas d’enfant c’est sûr que vous avez déjà senti ce regard, lourd de questionnements. Ben voyons, comment ça t’en a pas? Vous êtes pas capable? Avez-vous pensé à l’adoption? Et bla, bla, bla.
Les questions oui, mais les jugements surtout. C’est ce qui fait le plus mal. Qu’on est sans doute des égoïstes, des ambitieuses. Qu’on pense juste à notre petit nombril. Qu’on n’est pas normales, un peu louche aussi.

À vous les femmes qui n’auront pas d’enfant, je veux juste vous dire que je vous comprend.

Que le deuil de la maternité ça en est un qui long à accepter. Ça vient par vague, y’a des jours où c’est la tristesse et la frustration qui prennent le dessus, alors qu’y en a d’autres où c’est plus calme et qu’il y a même une certaine sérénité qui s’installe dans notre vie, dans notre coeur.

C’est un long processus, un long cheminement.

Où on réalise que notre vie ne sera pas pareille à celle des autres.

Que non, ça ne passera pas par les petits corps engourdis du matin qui montent dans notre lit pour nous dire qu’ils ont faim ou qu’ils ont fait un gros cauchemar. Non, on ne sera pas témoins des premiers mots, des premiers pas, des premiers chagrins.

Mais on peut être une femme épanouie quand même. Je veux juste vous le rappeler. Parce qu’on a tendance à l’oublier.

Que notre amour maternel on peut le donner autrement. Que ça soit une nièce, un neveu, les enfants de nos amies ou même nos animaux de compagnie. L’amour c’est l’amour. Et on peut materner, donner de milles façons autour de nous. Faut juste trouver la nôtre.

Dans mon cas, ça passe par Emma, ma nièce magnifique, mon chat et mon chien. Je suis mère-poule avec eux, ce sont mes bébés en quelque sorte. Je materne aussi mes amies, mes proches, même si ça les gosse parfois.
C’est pas parce qu’on n’a pas d’enfant qu’on a un coeur de roche. Au contraire, il déborde, faut juste trouver une autre façon de le partager.

Alors bonne fête des mères à celles qui le sont autrement. Celles qui FaceTime avec leurs neveux et leur nièces, qui recueillent leurs confidences, comme des diamants, des mots qu’is n’osent pas toujours dire à leurs propres parents. Bonne fête à toutes la matantes cool qui jouent à la cachette, à la Barbie, aux Legos aussi. Qui ont hâte que la covid passe enfin pour retrouver ces beaux p’tits coeurs dans leur vie.

Je le sais ce que vous vivez, par où vous êtes passées.
Et si vous êtes dans le creux de vague en ce moment, je vous jure que la sérénité va finir par s’installer.

Je lève mon verre à vous femme sans enfants. Qui donne autrement.

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