Mon marathon

photo Andréanne Gauthier



Ça fait longtemps.

Que je ne me suis pas déposée, demandée: « Comment vas-tu Julie aujourd’hui »? Je suis repartie, la pédale au fond, dans mon tourbillon habituel d’automne. Tel un Iron Man, je cours à 100 milles à l’heure, en faisant virevolter les feuilles mortes sur mon passage. « Tassez-vous, j’arrive! » Je suis dans l’action, le travail, la performance. Je donne: mon énergie, mon temps… un gros bout de ma vie finalement. On se revire de bord et on constate qu’on est déjà en novembre! Que la rentrée est passée, (l’été aussi d’ailleurs, me semble donc que c’était hier!) et que l’hiver déjà se pointe le bout du nez…c’est-tu moi où je n’ai rien vu aller?

Mes parents me l’ont toujours dit : « Tu vas voir ma fille, la vie passe vite. » » Ben oui, ben oui », que je disais, en roulant les yeux au ciel, croyant que ma jeunesse serait éternelle. Aujourd’hui, à 45 ans, bien sûr que je constate que mes parents avaient (encore une fois!) raison, mais je réalise surtout que ce n’est pas tant la vie qui va vite: c’est nous!

On dirait qu’on est tous dans notre propre marathon personnel. On ne s’est pas nécessairement préparé, ni entraîné, on n’a pas nécessairement envie d’y être non plus, mais on court pareil.

Après qui? Après quoi? Ça c’est dur à dire.

Le succès, l’argent, la réussite sociale, la jeunesse, la vie de famille parfaite, la maison parfaite et le corps parfait? On ne veut pas juste publier des photos léchées sur Instagram, on veut que notre réalité SOIT Instagram! Comme si c’était possible de vivre constamment dans un bel éclairage, les cheveux au vent, le teint lumineux, les beaux vêtements… Une quête d’image. De vide finalement.

J’ai beau être une grande fille, être consciente de tout ça, mais je cours encore moi aussi. Je me dis qu’avec tel produit,  plus de ci, moins de ça, je l’aurai enfin mon beau p’tit bonheur à moi! Heureusement, il y a un bout qui s’est calmé, rassasié, mais quelque chose en moi est encore stimulé par l’adrénaline, l’excitation, la nouveauté et par le fait d’être occupée. D’être à spin, à l’année! Wow, quelle belle idée!

Et je constate qu’on est une grosse gang dans ce marathon à la destination inconnue. Mes amies et moi quand on essaie de se booker un souper, c’est fou la gestion d’agenda que ça nécessite! On est en novembre et j’espère réussir à les voir avant Noël… et ce n’est pas gagné d’avance!

Heureusement, je me garde de petites cases horaire pour souffler. Des petites pauses, des répits où je reprends mon souffle, où je me reconnecte à qui je suis profondément. J’en arrive justement, d’un cours de Pilates. Une heure, juste pour moi. Où je ne fais que respirer, me concentrer sur les mouvements et me faire des abdos en acier!!

Bref, c’est à ça que ressemble mon marathon personnel en ce moment. Rien de glorieux. Mais c’est le mien, mon quotidien, et je sais que c’est loin d’être terminé. La pause est finie, je remets mes espadrilles et c’est reparti!

Bonne course!

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