Le retour de la bouteille à la mer



Ben ça y est.

Après l’avoir souhaité, rêvé, obsédé, jalousé, (et presque abandonné tellement je trouvais que ça prenait du temps!) j’y suis enfin. Bien installée dans ma doudou, devant un feu de foyer, à regarder le bleu intense de l’eau et l’horizon derrière chez-moi. Le fleuve. Cet élément si essentiel à mon équilibre. Qui me coule dans les veines depuis ma naissance. Comme si j’avais recollé les morceaux éparpillés par le temps, par le vent. Que j’avais enfin retrouvé le bout de mon coeur que j’avais enfoui dans une bouteille lancée à la mer, au moment même où je la quittais pour la grande ville. Ce même bout de coeur qui me faisait souffrir à chaque fois que j’allais la quitter à nouveau pour les 16 prochaines années de ma vie. Comme si la cicatrice était impossible. Que l’eau salée réactivait toujours les plaies.

Ça aura pris 16 ans.

Et 16 ans, c’est aussi le nombre d’années où j’ai habité à ses côtés au début de ma vie. 16 ans à Port-Cartier, à me remplir les poumons de son air, ce mélange si unique de rosiers sauvages, de petits pois qui poussent à même le sable de plage et d’eau. Un parfum délicat. Parfait pour moi.

M’exiler a été je crois le plus grand sacrifice que j’ai fait pour réaliser mes rêves. Mon chemin de vie m’amenait ailleurs, à découvrir les lumières, les paillettes et le bruit de la ville. Étourdissant, suffocant quand on a l’habitude des grands espaces. De tête-à-tête, seule avec l’horizon. Quand on a l’habitude d’un accès direct au plus grand, au plus lumineux. Tout ça, dans la cour arrière de chez ses parents.

J’ignore ce que veut dire ce cycle de 16 ans en numérologie. Pourquoi ça se répète dans ma vie? Je ne pourrais pas dire. Mais je sais maintenant que d’en être éloignée aussi longtemps m’était devenue insupportable. Et n’allez pas penser que je passe mon temps en bateau, en kayak ou en wake-board! Rien de tout ça. Je le contemple. Je le respire. Il m’apaise. Le bleu de ses eaux me fait l’effet de tous les cours de yoga, méditation réunis. C’est la version ultime pour moi. Si bien que je me vois bien, vieille femme, à limiter au strict minimum les moments où je sortirai d’ici. Je comprends mieux mes parents qui sortent rarement de chez-eux. On est ben à maison, est d’ailleurs la phrase fétiche de mon Pipa adoré. Eh bien, j’ai bien envie de la faire graver dans le bois de ma véranda. Pour qu’en regardant le bleu, en respirant son air, cette phrase s’inscrive profondément dans chaque cellule de mon corps. Comme un tatouage d’âme.

J’ai juste envie de dire merci.
J’ai retrouvé mon nid. L’exil, les sacrifices en ont valu la peine.

MERCI.
Anges gardiens vous avez encore fait de l’overtime là-dessus. Je bois mon café à votre santé. xxxx

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