Le premier



Je suis persuadée que chacun fait sa chance. Qu’en travaillant fort, en faisant des sacrifices, on peut atteindre nos objectifs. Mais on ne fait pas ça tout seul. On a besoin des autres, des gens qui croient en nous, qui nous ouvrent la première porte et qui nous propulsent vers le haut… alors qu’on n’y croit même pas encore nous-mêmes.

Aujourd’hui, ça fait 20 ans que je travaille. 20 ans que je gagne ma vie en faisant ce que j’aime le plus au monde: communiquer. Et comme à chaque date anniversaire importante, c’est sûr que ça vient avec un espèce de bilan, de regard en arrière, pour constater le chemin parcouru et tout ceux qui m’y ont soutenue. Pis y’en a plusieurs.

Le premier de tous s’appelle Dan Caron. Dan est une légende de la radio à Québec. Un homme imposant par sa carrure, par sa voix grave et par son côté bouillant et impulsif. La première fois que je l’ai rencontré, j’ai eu peur. Carrément. Parce que j’étais toute jeune, inexpérimentée, que j’arrivais avec mon cv peu garni, fait au meilleur de mes capacités. Et que j’étais pas sure de moi pantoute.

Je me souviens qu’il m’avait reçue dans son bureau, avait jeté un coup d’oeil à mon cv et m’avait dit: « Ok, t’as un BAC en communications, mais es-tu capable d’animer? » Bonne question. J’en étais même pas certaine. Tout ce que j’avais dans le corps était 3 mois d’animation à la radio communautaire, à jouer de la musique jazz et jaser d’atomes et de trucs scientifiques. J’animais l’émission Futur Simple, un projet parascolaire. La science ne m’intéressait pas du tout, mais toucher à l’animation me fascinait assez pour que j’y consacre déjà tous mes vendredis soirs et samedis matins. C’est là que j’ai pogné la piqûre.

Dan me fit faire un démo en studio le jour même et, après avoir bafouillé un peu (j’étais tellement nerveuse!) on a réussi à faire quelque chose de potable. Du moins assez pour qu’il m’engage. En fait, pendant 1 mois et demi, j’étais « engagée » , sans salaire, de nuit, pour me pratiquer. Comme je n’avais jamais fait de mise en ondes, chaque piton de la console étaient autant de sources de stress pour moi. J’en faisais des cauchemars, c’est pas mêlant! L’angoisse dans le tapis à chaque fois, des gaffes, des baffouillements, y’avait rien de glorieux là-dedans. Moi-même je n’aurais pas gagé sur ma victoire! Mais je voulais. J’avais une tête de cochon. Et j’apprenais vite. Quand je faisais une gaffe, j’en avais pour des heures à me morfondre, mais je ne la refaisais pas. Les leçons rentraient à coup d’erreur… et de nœuds dans le ventre.

Puis le 1er mars 1997, Dan m’engagea pour vrai. Avec un salaire! Pas la mer à boire on s’entend, mais assez pour devenir autonome, payer mon loyer, mon épicerie et quelques sorties. J’animais les samedis et dimanches matins de 6 à 9. Donc finis pour moi les partys la fin de semaine. Je me levais dorénavant à 4h du matin les samedis et dimanches… Pis je tripais! Pour une fille qui venait de sortir de l’université, c’était le rêve, le jackpot! En plus, je travaillais à la station cool que tous les jeunes écoutaient à l’époque, d’y travailler, c’était une chance inespérée.

Bref, c’est comme là que tout a commencé, ça fait maintenant 20 ans que ça dure. Et aujourd’hui, j’avais envie de dire merci. On oublie jamais la personne qui nous a donné notre première chance. Merci pour tout Dan.

Julie

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