Mario Tessier

Comme Mario est le « buddy » de mon « buddy » José Gaudet, je l’ai souvent croisé sur différents plateaux de télé. Et j’ai pu constater à quel point les années lui vont bien. Un peu comme un bon vin, (je sais qu’il va aimer cette image, lui qui parle souvent de son amour des bonnes bouteilles!) il gagne en maturité, en profondeur et ose dorénavant se montrer tel qu’il est vraiment. Et ça, ça lui va vraiment bien.



No 1

À quel point la vie passe vite

Quand tu es kid et que tu vois des gens de 40 ans, dans ta tête, c’est un vieillard, haha. J’ai maintenant 48 ans et je ne le sens pas du tout… mais je sais très bien comment les plus jeunes me perçoivent. Je n’ai pas le choix de m’arrêter et de me dire que la vie va vite. C’est juste un tour de manège et il faut profiter de la ride à chaque jour. Quand on a des enfants, ça vient te marquer encore plus. Ma fille – celle du milieu – vient d’avoir 17 ans. Elle a eu son permis de conduire et elle entre au cégep l’année prochaine. Il me semble qu’hier, elle rentrait dans mon avant-bras. C’est fou comme la vie va vite! Quand on en prend conscience trop tard, on a envie de tout faire en même temps. C’est donc important de le réaliser et de profiter.

Il y a toujours des gens qui aiment parler de ce qu’ils vont faire plus tard. « J’ai hâte à ci, j’ai hâte de faire ça… » J’ai envie de leur dire: « Quand est-ce que tu auras hâte à aujourd’hui? Quand feras-tu quelque chose pour tripper maintenant? » Ça nous arrive de partir en vacances en famille ou avec des amis et des fois, il y en a qui disent: « Hey, ça va être cool l’été prochain quand on va être à telle place! » Est-ce qu’on peut au moins vivre le moment présent? J’essaie vraiment fort de le faire. Je tente de compartimenter les trucs dans ma tête et de profiter de chaque instant.

No 2

Faire le deuil de ceux qui ne m’aiment pas

La plupart des gens veulent se faire aimer de tous. Les artistes, en tous cas, sont souvent comme ça. On est des bibittes d’insécurité. On veut que le monde nous aime, nous trouve fin, nous trouve beau. C’est utopique de penser qu’on va plaire à tout le monde. On perd tellement d’énergie à essayer de convaincre les gens qui ne nous aiment pas de nous apprécier qu’on en vient à oublier les gens qui nous aiment vraiment. C’est aussi vrai d’un point de vue artistique que dans une relation d’amitié. Il y a du monde avec qui on a juste moins d’affinités ou qu’on rejoint moins. Il faut choisir ses combats. De toute façon, on n’a pas de temps pour tout le monde! J’ai appris à me consacrer à ceux qui en valent la peine et qui me le rendent bien. Mais c’est le travail d’une vie! Même en le sachant, je ne suis pas au-dessus de mes affaires. Il m’arrive de présenter quelque chose, d’avoir 800 bons commentaires, mais de mettre l’accent sur LE mauvais. On est mal fait de même! Dans une salle de spectacle où tout le monde rit, si j’aperçois, juste en avant, quelqu’un qui a les bras croisés et qui a l’air de s’ennuyer, je pense : « Ben voyons, qu’est-ce qu’il a? Mon micro est-il ouvert pour lui? ». En plus, les spectateurs de ce genre viennent toujours se « foutrent » dans les premières rangées. J’ai juste envie de leur dire: « pourquoi vous êtes ici si vous n’aimez pas ça? » Bon, c’est vrai que ça ne veut pas nécessairement dire qu’ils ne me trouvent pas drôle. Ils ne l’ont peut-être juste pas dit à leur face. Peu importe! Je pense sincèrement qu’il vaut mieux donner de l’amour et du bonheur aux milles autres personnes qui sont présentes et qui ont du plaisir. C’est un looooonnnggg processus que d’arriver à penser comme ça. Surtout avec les médias sociaux! C’est plutôt rare que je reçoive de mauvais commentaires, mais il y a quelques années, je m’entêtais à leur répondre. Je m’obstinais à essayer de les convaincre. Et puis, j’ai réalisé que ça ne servait à rien. « Pourquoi je me fais ça? Pourquoi je leur donne de l’importance? » Maintenant, quand ça arrive, je les bloque systématiquement. Je n’ai plus d’énergie à perdre là-dessus. Et je n’ai plus de patience non plus!

No 3

Vivre avec mes forces et mes faiblesses

On envie toujours les autres pour toutes sortes de raisons au lieu de savourer ce que l’on a. Je ne deviendrai pas un virtuose à 48 ans. Je pianote et c’est comme ça! On ne peut rien faire avec des « J’aurais donc dû! » J’étais vraiment bon à l’école, mais j’ai emprunté une drôle de trajectoire. Je suis allé dans l’armée. J’ai fait mon cégep en sciences humaines, pas de math! J’ai le regret de me dire que j’avais peut-être les capacités de faire des études différentes de celles que j’ai faites, mais je ne peux pas changer ça. Je n’ai pas eu ce courage de me dire: je vais aller me faire suer 15 ans sur un banc d’école, parce que je n’avais pas cette patience. La vie en a voulu autrement. Ce n’était pas mon destin. J’ai un ami, probablement le gars le plus brillant que je connaisse, qui, dans ses temps libres, fait des certificats à Harvard sur l’histoire de la Chine ancienne. Alors, il m’arrive de me trouver un peu niaiseux quand je parle avec lui. Et pourtant, je sais que je ne le suis pas, mais on a tendance à se comparer. J’aurais aimé être un athlète exceptionnel, je suis pas pire dans tout, mais je ne suis bon dans rien. Et c’est correct comme ça!

On veut souvent avoir ce que l’on a pas. En vieillissant, je suis heureux avec ce que j’ai – ce qui est déjà beaucoup. Je suis en santé et j’ai ce qu’il y a de plus important: une famille. On se le fait souvent dire quand on est jeune, mais on ne le comprend pas nécessairement. Tu le sais, tu l’entends, mais c’est comme un bourdonnement de maringouin dans l’oreille; c’est juste un bruit ambiant. Mais quand on y pense… qu’est-ce qu’il nous reste en bout de ligne… le cash? Le prestige? La carrière? Les récompenses? La reconnaissance? Tout ça est futile. Ce qu’il te reste, c’est TA FAMILLE.

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Mario Tessier présentera son tout nouveau one-man-show Transparent qui sera en rodage dès le mois d’août. On le retrouvera également à l’animation du P’tit Cabaret pour une quatrième année sur les ondes de TV5.
Pour le suivre:
Facebook: @MarioTessierOfficiel

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