Debby Lynch-White

Debbie Lynch-White: quelle femme! Elle n’a que 32 ans et pourtant elle a tant de maturité, d’humanité et de sagesse en elle. Elle est la preuve vivante qu’on peut transformer les épreuves en beauté, les utiliser pour grandir et en ressortir le meilleur de nous. « Se construire des ailes pour se sortir du ravin », comme elle le dit si bien. Merci Debbie pour la rencontre lumineuse et pour les leçons qui seront, pour plusieurs, j’en suis certaine, des rappels pour revenir dans le bon chemin… les jours où ça ira moins bien.



No 1

Ne pas juger les apparences et ne pas se fier à notre première impression

On ne connaît jamais vraiment l’histoire des gens qu’on rencontre. Des fois on peut juger très vite quelqu’un. Et on ne sait pas nécessairement ce que la personne vit, ou a vécu. Tout le monde a ses batailles, ses obstacles, ses deuils puis des fois c’est facile de tomber dans le jugement.

Moi, j’ai déjà eu une grosse leçon par rapport au jugement alors que je faisais du théâtre d’intervention. J’étais jeune, j’avais environ 19 ans et avec des collègues comédiens on s’était rendu sur une base de plein air pour jeunes. Mais on ne savait pas qui étaient ces jeunes. Quand je suis arrivée, j’ai trouvé qu’ils avaient l’air de venir de guettos, ils étaient habillés un peu comme des p’tits « bad ass ». Mon premier réflexe, ça a été de dire à mes amis comédiens : « Mais ils ne nous écouteront jamais, ils vont s’en foutre complètement de notre théâtre d’intervention sociale. Et après le show, il y avait une table ronde et j’ai appris à ce moment-là, que la plupart des filles qui étaient là, étaient des jeunes filles mères. Elles étaient à la base de plein air pour avoir un break de leurs enfants. Elles avaient mon âge, elles l’avaient pas facile, et moi je m’étais trouvée tellement « conne » de les juger. Cette journée-là, j’ai vraiment appris quelque chose par rapport au jugement et depuis, j’essaie de ne jamais juger quelqu’un avant de le connaître.

No 2

Se mettre à l’épreuve et être capable de se sortir nous-même de notre zone de confort

Une amie à moi m’a dit une phrase que je traîne avec moi constamment : « Lance-toi dans le ravin, puis ensuite tu vas construire tes ailes». Ne passe pas des années à réfléchir à comment tu vas construire tes ailes, lance-toi. On s’en sort tout le temps, faut se faire confiance, on finit toujours par se débrouiller. J’essaie vraiment de mettre cette phrase-là en pratique dans ma vie.

C’est important de se bousculer, de plonger même si c’est épeurant à en vomir. Il faut suivre notre instinct, notre petite voix. Si on n’est pas heureux dans une situation, que ce soit en amour, au travail ou peu importe, il faut sortir de ça, même si ça représente beaucoup d’enjeux, de pertes et un grand vertige. C’est toujours le bon move à faire dans la vie. Moi, pour chaque nouveau contrat, il y a un vertige qui vient avant. Mais il faut que je le fasse quand même, car je sais que si je dis non, je vais le regretter un jour. Au pire je me plante et je me relève, c’est tout, y’a pas mort d’homme. Et dès que j’ai les pieds dedans, je me dis tout le temps : « Ben voyons, je m’inquiétais et j’angoissais pour rien.» En ce moment, professionnellement, je vis quelque chose dont je n’ai encore jamais parlé pour justement me protéger. Je suis en train d’écrire un livre et quand j’ai dit oui à ça, je ne savais pas du tout dans quoi j’allais m’embarquer, je n’ai jamais écrit de livre de ma vie! Ça fait quelques mois que je suis là-dessus et j’ai eu des hauts et des bas à me dire : «je suis qui pour dire ça, est-ce que c’est vraiment pertinent». Mais on dirait que dès le début, je savais que si je disais non à ça, j’allais le regretter. Alors je me suis lancée là-dedans. Mais après ça, ça vient avec son lot de montagnes russes.

Aussi, dans ma vie personnelle, juste faire mon coming-out homosexuel ça vient avec son lot de vertiges et d’obstacles; des gens qui l’acceptent, des gens qui ne l’acceptent pas, avec des jugements. Pour ça aussi, à un moment donné, j’ai juste décidé de me pitcher dans le ravin et de le faire. Et je suis bien plus heureuse de l’avoir fait. Mais pour ça, il a fallu que je sorte d’une certaine zone de confort. Mais jamais je ne vais regretter cette décision-là dans ma vie.

No 3

Le bonheur est dans les petites choses

On est responsable de notre bonheur et il faut être capable de le voir dans les petites choses. Le bonheur n’est pas forcément loin de nous, il est dans les petits détails. Être capable de juste profiter pleinement d’un moment où, par exemple, je suis assise à table avec ma blonde devant un bon souper et de me dire : « Ça, c’est parfait ce moment-là, c’est ça le bonheur. » Le bonheur est simple et il faut apprendre à l’entretenir par des petites attentions, par de la considération envers les autres, par des surprises, de la bienveillance. Souvent, on a beaucoup d’ambition, on veut réaliser de grandes choses. C’est bien, mais il faut aussi être capable de reconnaître les petites choses et de les apprécier aussi. Moi, ça a changé beaucoup de choses dans ma vie d’être consciente de ça. C’est certain que j’ai appris ça jeune, avec la maladie de mon père qui souffrait de la sclérose en plaque. Tout d’un coup, marcher et descendre les escaliers et aller se chercher un verre d’eau ça devenait quelque chose qui pouvait durer 45 minutes. Alors c’est important d’apprécier les petites victoires et les petits bonheurs, de ne pas toujours avoir besoin du gros cadeau à Noël et de faire le gros voyage de rêve. Le bonheur c’est de voir mon voisin âgé qui habite seul, m’envoyer la main de sa fenêtre quand je stationne mon auto devant chez lui. Ça peut être aussi simple que ça! Chaque fois, ça me remplit le cœur…j’ai l’impression qu’il veille sur moi. C’est important d’apprécier ces petites choses-là et de les voir aussi.

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