Catherine Trudeau

Catherine est une femme que je connais très peu. Je la connais surtout par ses rôles (je l’avais d’ailleurs ADORÉ dans son fameux personnage de Lyne-la-pas-fine dans la série Les Invincibles!). Et là, j’ai l’impression de la découvrir autrement, par sa plume, vraie et sensible. Elle écrit magnifiquement bien et ses 3 choses qu’elle a apprises auraient pu devenir un spécial de 10 pages tellement elle s’est livrée dans ce billet! De belles leçons de vie qu’elle nous partage avec beaucoup de sincérité qui ont résonné en moi… J’suis convaincue qu’elles résonneront en vous aussi!



No 1

Laisser aller les amitiés qui se sont effritées

J’ai eu beaucoup de coups de cœur d’amitié au cours des ans. À l’école, au travail. Cependant, elles n’ont pas toutes survécu au passage du temps et j’ai appris à être en paix avec ça. Très jalouse du temps précieux passé avec ma famille, celui que je choisis de passer avec mes amis doit m’apporter quelque chose; du fun, des confidences, des conseils si j’en demande, etc. Je dois sentir au sortir d’un moment avec mes amis que je fais une différence pour eux, et inversement. Aussi, plusieurs amitiés au fil des ans ont été fulgurantes et de courte durée et c’est bien comme ça. Nous nous sommes apportés mutuellement quelque chose pendant quelques temps et la vie nous a menés ailleurs, tout simplement. Je garde un bon souvenir des liens alors tissés mais les chemins pris ont été différents, on a cessé de nourrir le lien, pour toutes sortes de raisons, connues ou pas, qui se valent ou non. Mon métier en est un de passages, de projets qui se suivent, de rencontres vives où on entre vitement en intimité. C’en est un de deuils aussi. L’amitié survient rapidement mais ne résiste pas à tout. Qui plus est, on est toujours appelés à rencontrer plus de gens mais le temps à leur consacrer lui, ne se multiplie pas! En avançant en âge, je sais davantage ce dont j’ai besoin en amitié et parfois, certaines d’entre elles cessent d’être nourries, naturellement. Ce qui nous liait à 20 ans ne le fait pas de la même façon à 35… Le plus dur dans tout ça n’est pas de le constater mais de l’accepter. Et parfois, on retrouve des amis d’autrefois et le contact se refait naturellement…quand ça arrive, c’est une belle surprise!

No 2

J’ai besoin de créer

Il a été difficile pour moi de prendre la décision de ne pas avoir de 3e enfant. La décision est prise mais la paix avec elle, pas tout à fait encore. Dans ma vie rêvée, j’en voulais 4. Dans une démarche de réflexion pour comprendre pourquoi la décision a été difficile, j’ai appris qu’au fond, j’ai besoin de créer, de me réaliser. C’est davantage ça qui m’anime dans la vie, plus qu’un réel besoin d’avoir un autre enfant. Je voulais créer quelque chose mais ce n’était peut-être pas une autre vie J’ai toujours besoin d’un projet de création, quel qu’il soit. J’ai toujours mille chantiers en route. Je ne reste pas longtemps tranquille à ne rien faire en dehors de mon métier, qui en est bien sûr un de création. Faire un jardin, peindre des cartes à l’aquarelle, cuisiner des muffins pour la vente de sapins de Noël de l’école des enfants, écrire pour mon blogue, décaper et repeindre des meubles, faire de la gelée de pommes avec ma mère, imaginer des histoires pour des livres jeunesse… Tout ça pour moi, c’est de la création et c’est ce qui me drive dans la vie.

No 3

J’ai besoin de validation

J’ai confiance en moi de façon générale, je connais mes forces, ce dans quoi je suis meilleure, ce que j’ai à travailler. Mais au-delà de ça, j’ai besoin de validation pour appuyer une décision, grande ou petite, implicante ou moins. Besoin de me faire dire : « ok c’est bon, oui tu as raison, tu prends le bon chemin ». Comme une sorte de sceau d’approbation! Quelque part au fond de moi, je sais que j’ai raison, que j’ai bien choisi mais j’ai besoin de l’assentiment de quelqu’un de confiance; mon amoureux, ma mère, mon père, des amis, mon agent… Je vis très mal la période que j’appelle de « l’entre deux chaises », celle-là où je dois prendre une décision, mais une fois que je l’ai prise, qu’elle est en quelque sorte validée par des gens autour de moi, je l’assume et ne regarde plus derrière. Ce que je voudrais apprendre Ne pas juger, critiquer Ça c’est un combat de chaque jour! J’ai longtemps critiqué et jugé. J’essaie aujourd’hui de mesurer les choses, les mettre en perspective, d’appuyer et raffiner ce que je pense et demeurer ouverte à la nuance. Il y a longtemps, à mon retour d’une soirée, mon amoureux me demandait comment vont mes amis qui étaient là et je n’avais pas la réponse parce qu’on avait passé la soirée à parler des autres, pas de nous autres; passé notre soirée à critiquer un tel, à juger une performance dans un film, un choix de mise en scène, telle décision sur un casting avec lequel on n’était pas d’accord mais pas tant appuyé par un raisonnement logique ou éclairé d’autre chose que de l’envie ou de la méconnaissance. À partir de là, j’ai décidé que je faisais un pacte avec moi-même, dans ces soirées-là, il va y avoir un temps règlementaire pour bavasser gentiment, suite à quoi, je vais faire glisser la discussion ailleurs pour savoir comment mes amis vont, les questionner sur leurs projets à eux, pas sur ce qu’ils pensent de ceux des autres.

No 4

Mon métier n’est pas toute ma vie

Ça je le sais depuis toujours! À l’école de théâtre, certains de mes camarades lisaient du théâtre, en voyaient, en écrivaient, voulaient répéter nos scènes les fins de semaine… je n’ai jamais été cette fille-là. Mon métier je l’aime, j’aime à dire qu’il s’est révélé à moi mais je l’ai surtout choisi pour ce qu’il a fait naître chez moi; la confiance, l’estime de moi, la capacité à briller en tirant profit de ce qui est singulier de ma personne. Mais ce n’est pas toute ma vie. Et je respecte ceux pour qui ça l’est bien sûr. Mais pour ma part, c’est un métier, je gagne ma vie en le pratiquant, avec bonheur et en sachant que je suis privilégiée d’en vivre, mais je ne vis pas pour lui.

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