Maude Guérin
Quand on pense à Maude Guérin, on pense à l’actrice vibrante et touchante qu’on voit sur scène et à l’écran. Tantôt femme de carrière urbaine, séductrice, elle se transforme ces jours-ci en fille de la campagne qui vit un terrible drame dans la nouvelle série 5e rang. Mais qui est la femme derrière les personnages? Elle a bien voulu nous en dévoiler des bouts ici.
Ne pas toujours vouloir la perfection
J’ai été élevée par une mère qui était une grande perfectionniste. Lorsque j’étais enfant, elle nous confectionnait nos robes à ma soeur et moi. Elle cousait, elle faisait de la broderie; elle nous créait des pièces formidables. Et du jour au lendemain, elle a arrêté parce qu’elle trouvait que ses créations n’étaient pas parfaites. Elle se mettait énormément de pression. J’ai donc réalisé qu’être perfectionniste, c’est une belle qualité… qui peut vite se transformer en un gros défaut.
Lorsque j’ai commencé à exercer mon métier, je me suis aperçue que j’étais un peu comme elle. Je suis devenue obsédée par la perfection. Aussitôt que je me trompais ou que j’avais un blanc de mémoire sur scène, je m’en voulais énormément. Je ne pensais qu’à mes défauts et aux mauvaises critiques au lieu de me féliciter de mes bons coups. Ça m’a rendu très malheureuse et c’est devenu très lourd à supporter.
Je suis une fille très rassembleuse qui veut toujours que tout le monde soit heureux, que ça se passe bien, qu’on reçoive de bonnes critiques. Un jour, Rita Lafontaine m’a dit: « Maude, arrête de prendre tout sur tes épaules ».
Je me suis posé beaucoup de questions et j’en suis venue à la conclusion que si je faisais comme ma mère, j’allais devoir tout abandonner parce que c’est impossible d’atteindre la perfection. J’ai dû apprendre à me déprogrammer pour l’accepter. J’exerce un métier tout en créativité et en mouvance et les obstacles nous servent à aller plus loin dans notre art. Je me suis inspirée de mes deux « rocs », mes collègues François Papineau et Normand D’Amour. Ce sont des acteurs formidables qui m’ont beaucoup aidée sur scène. Ils m’ont enseigné à ne plus avoir peur de l’erreur, ou de l’échec et d’arrêter de me demander d’être la meilleure en tout temps. Ils me rappellent souvent que notre métier en est un d’équipe et que nous sommes là pour s’entraider quand il nous arrive de faire des gaffes. Ils se concentrent toujours sur le côté positif des choses.
En vieillissant, j’ai vraiment décidé d’adopter ce mode de pensée. Je crois que, de toute façon, les gens préfèrent voir l’être humain et non pas une machine performante.
Cette phrase de Jean-Louis Millette a été très marquante dans ma vie. Il disait aussi: « regarde toi comme tu es et puise dans les forces que tu possèdes. Ne va pas chercher ailleurs ». Quel beau conseil! On a souvent tendance à se comparer,… surtout quand on est une femme. Alors que ce qu’il faut plutôt faire, c’est accepter son unicité et apprendre à s’en servir.
J’ai toujours pensé que je ne pourrais jamais jouer les jeunes premières parce que je me trouvais rondelette. J’avais beaucoup de misère à m’accepter. Je regardais les journaux en me posant mille questions: « pourquoi je n’ai pas eu ce rôle, j’aurais pourtant aimé le faire, ça doit être à cause de mon physique… ».
La comédienne Macha Grenon m’a déjà dit: « au lieu d’envier tes collègues et de te comparer à elles, apprends à être heureuse pour celles qui ont de beaux rôles. Tu ne peux pas demander aux autres de refuser des offres parce que ça va te faire de la peine. Il faut plutôt se dire que ce n’était pas pour nous et avoir confiance qu’un autre projet se présentera sur notre chemin ». Si on n’apprend pas à penser ainsi, on stagne dans des zones sombres et on se laisse drainer par des énergies négatives et destructives.
Je me suis alors regardée et j’ai réussi à trouver mes forces. J’ai décidé de me laisser guider par mon instinct et mes émotions et je crois que c’est ce qui nourrit les personnages que j’incarne.
J’ai choisi de voir le côté positif des choses et ça m’a aidée à être plus heureuse. Quand on regarde ailleurs, on oublie de se concentrer sur sa propre trajectoire. Mon conseil: appréciez votre unicité et apprenez à travailler avec ce qu’il y a de mieux en vous.
Penser plus à moi
Depuis 30 ans, ma vie tourne autour de mon métier. Récemment, j’ai fait un pari avec moi-même. Celui de m’ouvrir des portes sur des choses qui m’animent en dehors de ma carrière. J’ai envie de reconnecter avec ce que j’aime. Apprendre à garder du temps pour moi afin de me poser des questions sur ce que je veux vraiment en tant que femme et en tant qu’être humain. J’essaie, pour cette nouvelle partie de ma vie, de sortir de ma zone de confort. Je suis une grande curieuse. J’aime cuisiner, je veux voyager plus et peut-être même faire un voyage seule (ce que je n’ai jamais fait), je veux me remettre au piano, parfaire mon anglais. J’ai toujours mis mes oeufs dans le même panier; j’ai dédié ma vie au jeu parce que c’est ce que j’aime faire le plus au monde. Désormais, je veux laisser venir les choses à moi. Plus le temps passe, plus je pense qu’il faut lâcher prise. Si on veut vieillir dans la paix et dans la plénitude, il faut apprendre à retourner à la source, se redécouvrir et retrouver ce que l’on désire profondément.
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Maude Guérin est la tête d’affiche de la nouvelle série 5e rang, diffusée sur les ondes de Radio-Canada. Elle est également en tournée un peu partout au Québec avec Love Letters, une pièce de théâtre à deux personnages qu’elle prend plaisir à jouer avec son amoureux.