5 questions à… une adepte du minimalisme

photo Bianca Desjardins

Revenir à la base, se départir d’à peu près tout et vivre dans la simplicité; qui le ferait? Dans un monde où la consommation est au coeur de nos vies, pas facile d’apprendre à se déprogrammer. Et pourtant, de plus en plus de gens le font. L’auteure et blogueuse Josée-Anne Sarazin-Côté s’est convertie il y a quelques années et nous lève le voile sur son mode de vie.



No 1

C’est quoi au juste le minimalisme sacré?

Je trouvais qu’il manquait quelque chose à la tendance « minimalisme » qu’on voit partout et c’est le processus de réflexion qui est derrière ce changement. Le fait de prendre le pas de recul et le temps nécessaire pour voir ce qui est vraiment important pour toi dans ta vie. Quand c’est bien clair, tu peux commencer à franchir les étapes de ce mouvement. Épurer ce qui est en trop dans ta maison, mais aussi dans ton horaire, ton mode de vie, tes relations pour qu’au final, ce qui est sacré pour toi, se retrouve au coeur de ta vie.

No 2

D’où est né ton déclic, ton envie d’épurer et de simplifier?

Tout est parti d’un mal être. J’avais tout sur papier pour être heureuse – tout ce que j’avais toujours voulu – mais j’avais le sentiment qu’il me manquait quelque chose. Je ressentais le besoin profond de me libérer du plus de choses possibles.

J’étais fiancée, j’habitais dans une grosse maison de campagne. Une maison remplie à craquer que j’avais pris le temps de bien décorer. J’avais mon entreprise qui fonctionnait quand même bien. Et je suis arrivée à la croisée des chemins. « Pourquoi je ne suis pas bien quand j’ai ce que j’ai toujours voulu? »

Cette grande démarche se fait en quelques étapes. J’ai commencé par me renseigner sur l’impact que ma consommation avait sur la planète. À l’époque, j’étais une malade de mode. Je possédais une tonne de vêtements et de chaussures. Alors, j’ai commencé par arrêter d’acheter tout ce qui n’était pas éthique, donc tout ce qui était fait en Chine, au Bangladesh, en Inde, dans de mauvaises conditions de travail. Moi qui passait mes soirées et mes weekends dans les boutiques, je me suis retrouvée, du jour au lendemain, à ne rien pouvoir acheter parce que les grandes chaînes où j’avais l’habitude d’aller ne rejoignaient plus mes valeurs. Ça m’a donc libérée beaucoup de temps!

Tranquillement, ça m’a donné envie de pousser la chose un peu plus loin. Je me suis mise à méditer, j’ai découvert la pleine conscience et j’ai commencé à tenir un journal. Je souhaitais passer plus de temps seule, en introspection, dans la nature. Quand on s’arrête et qu’on se met à se départir de plein de choses, on réalise parfois que ces objets viennent combler un vide. Je me suis rendue compte que la vie au Québec avec mon conjoint, ça ne me convenait plus du tout. Et j’ai pris la décision de partir.

Je me suis débarrassée de tout ce que je possédais. Je n’ai gardé que ce qui entrait dans mon sac à dos et je suis allée au Nicaragua. Ça a été assez intense! Évidemment, c’est mon cheminent personnel. Ce n’est pas celui que je recommande!

À partir de ce moment, j’ai vraiment gardé ce désir de ne pas m’encombrer à nouveau. Je suis vraiment restée dans la simplicité. C’est ce qui m’a permis de revoir mes priorités et de leur accorder plus de temps, d’énergie et d’argent.

No 3

Comment on s’y prend, concrètement? On commence par quoi?

Avant de se lancer dans cette tendance, on veut souvent sauter l’étape de réflexion et aller directement à l’épuration. Mais c’est pourtant le passage le plus important. Il faut prendre le temps de se déposer. Si on le fait pas, on va conserver des choses inutiles en se disant: « je vais le garder au cas où », « je vais garder ça à mon emploi du temps »,… Et au bout du compte, on ne conserve plus uniquement ce qui est essentiel pour nous et on ne gardera pas nos bonnes habitudes à long terme. Ça ne sert à rien de vider notre maison pour retomber dans notre « pattern » de surconsommation quelques semaines plus tard.

No 4

Comment appliquer ce principe aux différentes facettes de notre vie? Amour, relation, travail?

Il faut prendre le temps de réfléchir à ce qui nous rend vraiment heureux. De faire l’examen de ce qui compose notre vie. Quand on fait une activité ou quand on passe du temps avec une personne, prenons un petit 30 secondes pour nous demander: « est-ce que je me sens drainé, fatigué, vidé ou au contraire, est-ce que ça me fait du bien?, ça m’a redonné de l’énergie? » Notre corps nous envoie toujours de bons signaux pour déterminer si les choses que l’on fait ou les gens que l’on fréquente sont bien alignés avec notre coeur. Bien évidemment, il y a des choses plates que l’on a pas le choix de faire dans la vie, mais il y en a beaucoup d’autres pour lesquelles on l’a.

No 5

On est tous pris dans la course folle de la surconsommation, et il faut l’avouer, des achats, ça apporte sur le coup une certaine satisfaction, un buzz. Par quoi remplacer cette envie d’acheter?

Par de la vraie joie. C’est ça la beauté de la chose. Ce n’est pas une prise de conscience facile! Quand on prend vraiment le temps de se demander ce qui va vraiment nous combler à long terme au quotidien, on ne ressent plus nécessairement le besoin d’aller chercher ses petites joies éphémères. La vie continue! Bien sûr, il faut parfois acheter des choses, mais lorsqu’on le fait, c’est plus satisfaisant parce qu’on en a vraiment besoin.

No 6

Aujourd’hui, tu as un amoureux et une petite fille. As-tu eu besoin de convertir ton amoureux à ton mode de vie? Comment ça se traduit pour votre petite famille?

Je n’ai pas eu à convaincre  mon conjoint parce qu’il a toujours été comme ça. Il déteste magasiner et acheter des choses. Il est minimaliste depuis qu’il est né, même si le terme n’existait pas à l’époque, haha. On a pris le temps de s’asseoir ensemble et de jaser de ce qu’on voulait pour notre famille. On aime passer beaucoup de temps ensemble. On limite nos heures de travail pour avoir tous nos après-midi avec notre fille. Comme on retrouve beaucoup notre bonheur dans la simplicité, on peut se permettre ça.

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Le livre Plus de bonheur, est en librairie depuis le mois d’août. En plus d’écrire, Josée-Anne organise aussi des retraites pour les femmes partout dans le monde.
Pour la suivre:
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Instagram: @joseeannesarazincote
joseeannesc.com

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